Faut-t-il en acheter, oui / non, on vous répond :
Il faut un peu de luddisme pour protéger sa vie contre la saisie de données envahissantes, déguisée en énième commodité numérique. Même si vous aimez la technologie avec conviction. Prenons les dernières nouvelles, des lunettes conçues pour la réalité virtuelle, en collaboration avec L qui les produira à partir de sa marque R .
Le produit est toujours en cours de développement : au moins cinq ans pour obtenir la version finale, explique la société. Ainsi, les premiers à le porter seront principalement les employés de M P. Les cobayes ne porteront cependant aucune application de réalité augmentée (AR) : pas d’écran intégré dans les lentilles, pour l’instant. Mais ils tourneront comme des bêta-testeurs ambulants avec des lunettes équipées de microphones, de caméras vidéo et d’autres capteurs pour éduquer l’intelligence artificielle. Ils vous emmèneront faire une promenade, en dressant la carte de votre environnement. Ils donneront la perspective humaine à la machine et la prépareront ensuite à travailler avec les futures applications.
« Les capteurs du dispositif de recherche du projet A capteront l’audio et la vidéo du porteur, ainsi que ses informations de localisation et de suivi oculaire », peut-on lire sur le site web du projet. L’objectif ultime, celui, charitable, que toute multinationale adopte pour motiver des innovations controversées, est d’aider les personnes handicapées en développant une technologie de remplacement pour ce qui est perdu.
Comme un assistant audiovisuel.
Ce qui, sur le papier, est toujours beau et a le goût de l’utopie. Pourtant, quatre-vingts ans de science-fiction et au moins quarante ans de cyberpunk auraient dû nous apprendre à douter des choses qui brillent. Ce n’est pas tant la machine elle-même qui est inquiétante, mais la fiabilité de l’entreprise qui la développe : ce gentil garçon est un fauteur de troubles sur FB. Vous vous souvenez de la devise originale ? Bougez vite, cassez des choses, soyez rapide, tordez tout. Et c’est ce qui s’est passé.
Lors de la conférence de lancement du projet Aria, nous avons été rassurés : FB se soucie de la protection de la vie privée, mais l’expérience montre que M P n’est pas le coffre-fort le plus fiable pour vos données.
Résumons la situation
Lors des dernières élections présidentielles de 2016, la plateforme de réseaux social a été utilisée par des pirates informatiques russes pour fomenter des divisions au sein du public américain. Ce qui a joué en leur faveur, c’est le système de publicité développé par M Z qui, grâce aux données des utilisateurs, a permis d’atteindre le public idéal pour tout contenu, y compris politique et de propagande. Deux ans plus tard, on a découvert que ces informations que chaque utilisateur, entre clics et préférences, donne à l’entreprise avaient été partagées de manière assez libérale entre des tiers, dont C , le cabinet de conseil qui les mettait au service des souverains. En outre, le même algorithme utilisé pour faire circuler le flux de contenu en fonction des intérêts des membres a fini par les enfermer dans une bulle, proie facile pour des idées de plus en plus extrêmes. Au Moyen-Orient, il était fondamental d’enflammer le printemps arabe et de produire sa sclérosassions en nouvelles dictatures. Dans le régime philippin de R D, il sert encore à attiser l’opinion publique contre l’ennemi gouvernemental de l’époque avec les mèmes et la « traîne patriotique ».